La Distillerie Fils du Roy – Quand l’écoresponsabilité devient un moteur d’innovation et de succès


La Distillerie Fils du Roy – Quand l’écoresponsabilité devient un moteur d’innovation et de succès

(Cet article a été produit par le Centre québécois du développement durable pour démontrer des exemples d’entreprises qui ont bénéficié du programme IMPACT DD des quatre RDÉE de la région atlantique.)

PAQUETVILLE, NB – le 25 juin 2025 – L’histoire de la Distillerie Fils du Roy de Petit-Paquetville au Nouveau-Brunswick, c’est l’histoire d’un succès. Tout a commencé en 2011, quand Sébastien Roy et sa mère décident de lancer ce type d’entreprise, la première du genre dans la Péninsule acadienne. À peine un an plus tard, la distillerie est en activité, les premiers alcools voient le jour et la reconnaissance ne se fait pas attendre.

En peu de temps, La Distillerie Fils du Roy acquiert une excellente réputation. Ses propriétaires obtiennent de nombreux prix ici, et même à l’étranger. Entre autres, leur Gin Thuya a été double médaillé au concours international des spiritueux à San Francisco, une des plus grandes distinctions de cette industrie, et leur whisky Fort Beauséjour a été sacré spiritueux canadien de l’année en 2023. La liste des récompenses est longue pour une si jeune entreprise dans le monde des alcools.

Aujourd’hui, la distillerie, c’est 14 spiritueux, des bières, des cocktails prêts à boire, mais aussi une malterie et un laboratoire en recherche et développement.

Au-delà des chiffres

Cela dit, les chiffres et la réussite ne disent pas tout. La Distillerie Fils du Roy c’est aussi une entreprise qui a des valeurs, voire une âme, celle de l’écoresponsabilité. « Oui, même au début, explique le copropriétaire Sébastien Roy, on voulait créer une distillerie, mais on voulait le faire en créant le moins de déchets possible, on ne voulait pas importer des intrants, on voulait le faire avec des agriculteurs d’ici et on voulait créer de la richesse dans notre région. Oui, on avait tous ces désirs-là. »

Premier grand chantier, l’approvisionnement local. Cela paraît simple, mais pour une distillerie néobrunswickoise, c’était un défi de taille. Dès le départ, les propriétaires se sont tournés vers les agriculteurs locaux pour produire de l’orge. Principalement des producteurs de pommes de terre, pour qui la rotation des cultures est essentielle pour conserver des terres en santé. Alors pour eux, alterner avec une céréale comme l’orge, c’est gagnant. À ce jour, ce sont des centaines de milliers de kilos d’orge locale qui ont été transformés par la distillerie plutôt que de l’importer de l’ouest canadien ou d’ailleurs dans le monde. Petit à petit, au fur et à mesure que la production s’est diversifiée, la distillerie a créé tout un réseau de collaborateurs locaux pour des framboises, des camerises, de la menthe, du miel. En fait,100 % de la matière première dont ils ont besoin et qui pousse ici, vient d’ici.

Rapidement, cet approvisionnement local a créé une circularité autour de l’entreprise. Près de 100 % des matières résiduelles sont redirigées vers d’autres entreprises régionales, comme l’explique Josée Boudreault, directrice des opérations et associée dans la distillerie. « Les résidus de brassage sont à la fois utilisés par un fermier pour l’alimentation de son bétail et un moulin transforme les drêches de brassage en farine à valeur ajoutée. »

Dans un avenir proche, on souhaite utiliser cette farine pour créer un autre produit fini à la distillerie elle-même, comme de la pâte à pizza.

Même l’emballage et les bouteilles

Toujours dans cet esprit de réduire les déchets au minimum, les cartons et autres papiers d’emballage pour l’expédition sont des matières récupérées par la distillerie dans ce qui leur est acheminé, et la très grande majorité des bouteilles sont récupérées et réutilisées. De belles bouteilles, par ailleurs, avec un bouchon mécanique comme à l’ancienne. Mais attention, la consigne pour cette bouteille est de 6 $ pièce si vous en achetez une autre pleine, bien sûr. Sébastien Roy montre fièrement une de ces bouteilles créées en 2015 et qui est toujours en usage, donc qui a été des dizaines de fois remplies et… vidées ! « Quand on s’en sort, pour une entreprise de notre taille, avec 2 bacs à poubelles résidentiels à tous les 2 semaines comme déchets, ça veut dire que tous les processus sont réfléchis », conclut Josée Boudreau.

« Si je peux ajouter quelque chose, poursuit Sébastien Roy, je pense que le plus important par rapport au développement durable, c’est le leadership et les actions concrètes dans toutes nos opérations… qui nous permettent d’avoir cette pensée critique pour laisser le moins de traces possible dans notre environnement. »

Le projet IMPACT

En ce sens, toujours désireux de s’améliorer, l’an dernier Josée Boudreau et Sébastien Roy ont participé au projet IMPACT. Rappelons que ce projet est mené par les quatre RDÉE de l’Atlantique, le Centre québécois de développement durable (CQDD) et le RDÉE Canada. L’objectif d’IMPACT est de sensibiliser, de former et d’accompagner les entreprises acadiennes et francophones à l’adoption de pratiques d’affaires durables.

Josée Boudreau parle avec enthousiasme de l’accompagnement du RDÉE Nouveau-Brunswick dont elle a bénéficié : « Bien sûr, je m’attendais à ce que la thématique environnementale soit abordée en profondeur, mais ce que j’ai trouvé très intéressant, c’est qu’on y abordait aussi plusieurs autres aspects qui permettent à une entreprise d’être la plus durable possible, comme la thématique sociale par exemple. » Une préoccupation qui rejoint parfaitement les propriétaires de la distillerie. À ce chapitre, mentionnons l’attention qu’ils portent à l’aménagement des horaires de travail, en tenant compte des obligations familiales ou autres, des employés. Cette entreprise a très bien compris que le bien-être du personnel est essentiel pour les fidéliser, leur donner un sentiment d’appartenance et grandir avec eux. Cela aussi rime avec durable.

IMPACT :  des bases, un cadre et des outils

Toujours dans le cadre du projet IMPACT, Josée Boudreau et Sébastien Roy admettent que cela leur a donné des balises solides pour mesurer le travail accompli et surtout pour identifier des actions à court, moyen ou long terme pour parfaire leur bilan en matière d’écoresponsabilité.

Entre autres initiatives, ils sont très attentifs à l’économie d’énergie et d’eau dans le travail de transformation. L’aménagement des installations permet un système presque en circuit fermé pour récupérer l’eau, pour réduire au minimum les quantités utilisées. Même chose pour la chaleur.

Il faut souligner que Josée Boudreau est chimiste de formation et, fait rare dans l’industrie des spiritueux, elle développe elle-même des semences originales pour la production des alcools. Un autre travail qui élimine l’importation des précieux générateurs d’arômes et de goûts. Soulignons que la Distillerie Fils du Roy a remporté le premier prix IMPACT en développement durable décerné par le RDÉE Nouveau-Brunswick.

Quand on demande à Sébastien Roy ce qu’il pense du chemin parcouru en 13 ans, il répond : « Je dirais la fierté. On ne peut pas mettre un prix financier là-dessus, mais tu sais quand on va se coucher le soir, qu’on a contribué à laisser moins de traces dans notre environnement, un environnement, en passant, qui a besoin de beaucoup, beaucoup d’amour, ça fait du bien. Et cela est vrai aussi pour nos employés. Oui, c’est la fierté pour nous tous de contribuer à quelque chose de plus grand que nous. »